Kethevane Gorjestani

Multimedia Producer and Reporter

Au Starbucks « moyen, c’est moyen ou c’est petit » ?

Octobre 2007

Fin d’après-midi, carrefour de l’Odéon, une file s’étend jusque dans la rue à l’entrée du Starbucks. Après quelques minutes d’attente, c’est au tour de Camille, 20 ans. Elle vient de sortir de cours et attend son café avec impatience. Elle ne prend même pas le temps de lever les yeux pour regarder les différents choix qui s’offrent à elle. « Un moyen mocha chocolat blanc s’il vous plaît » lance-t-elle à la serveuse en ajoutant « pour Camille ».

Oui, au Starbucks, on donne son prénom, immédiatement noté au marker noir sur le bord de la tasse par les serveurs. « Je commande toujours la même chose », dit-elle en riant. D’où lui est venue cette envie, « des US bien sûr ! J’y ai passé un an et depuis, je suis accro au Starbucks ! » Mais contrairement à beaucoup d’Américains, elle ne le prend pas « to go », comme on dit là-bas, mais sur place. « J’attends des copines ».

A peine le temps de payer, et un serveur à l’autre bout du comptoir lance « Un moyen mocha chocolat blanc pour Camille ! ». Mais sa boisson n’est pas encore prête. Il faut encore passer au petit comptoir. Là, elle commence son rituel : creuser un petit trou dans la crème fouettée, ajouter un sachet de faux sucre et saupoudrer le tout de cannelle. « Ca y est ! ». Elle peut enfin déguster son café. Elle monte à l’étage pour trouver des places assises en attendant ses amies.

Quelques minutes plus tard, trois jeunes filles du même âge s’installent. Un moyen frappuccino caramel, un venti latte et un grand caramel macchiato. Les quatre copines, enfin réunies, se ressemblent à s’y méprendre. Seul originalité dans le groupe, une brune. Elles ont la même mèche sur le côté qui leur couvre l’œil gauche, portent un jean slim et des ballerines. On se croirait à Los Angeles face à des Lindsay Lohan, Mischa Barton, Nicole Richie et autres starlettes d’Hollywood. A leurs yeux, un seul inconvénient : « On ne peut pas fumer mais au moins on se sera habitué d’ici janvier ».

Il existe d’autres catégories d’accros au Starbucks : les bosseurs et adeptes du wifi comme Florian, et son grand américano (comprendre juste une grande tasse de café allongé) venu travailler un exposé avec un ami. Les bruits incessants des machines à café, des tiroirs caisses qui s’ouvrent et se referment, les cris des serveurs et la sélection de chansons disco qui sort des haut-parleurs ne semblent pas vraiment les déranger. « On n’y pense plus ; et puis, c’est l’atmosphère Starbucks ». Ils viennent ici parce qu’il y a plus de place que dans les petits cafés parisiens, de gros fauteuils confortables (pour les plus chanceux), et « surtout, c’est non-fumeur ».

On trouve aussi beaucoup d’Américains, expatriés ou juste de passage. D’ailleurs, au moindre soupçon d’accent, les serveurs passent immédiatement à l’anglais, chose plutôt rare dans les cafés parisiens classiques. Ceux qui sont installés à Paris y retrouvent un peu de leurs habitudes. Pour les touristes anglo-saxons, c’est une sorte oasis, loin des serveurs de cafés désagréables, des expressos riquiqui et de la fumée de cigarette.

Enfin, il y a les novices, que les habitués remarquent tout de suite, mais qui se font de plus en plus rares, vu la popularité grandissante de Starbucks à Paris. Arrivés devant le comptoir, on aperçoit un regard perdu, au moment de faire un choix. En effet, choisir un café chez Starbucks n’est pas une mince affaire : des noms plus ou moins explicites, avec ou sans crème fouettée, lait écrémé, demi-écrémé ou même lait de soja, et quand on croit être arrivé au bout, il faut choisir une taille et, là encore, les novices se retrouvent perdus. En effet, chez Starbucks, on ne fait rien comme tout le monde. On ne dit pas « petit, moyen, grand » mais « moyen, grand, venti ».

Danielle est venue avec sa petite-fille, Caroline, 17 ans, habituée elle aussi. Elle lui demande confuse : « Je ne comprends pas, moyen c’est moyen ou c’est petit ? »

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